Tuesday, July 6, 2010

Tioman


C’était un cadeau d’anniversaire. Pour que je ne regrette pas trop de le fêter loin de ma famille et de mes amis. Mon chéri m’a mise dans la confidence pour que je puisse en rêver bien à l’avance et, deux semaines avant notre départ, on a cherché un hôtel depuis notre petit appartement en Suisse. Le Salang Payang, sur la plus belle plage de Tioman, ça sonnait plutôt bien. Plus de bungalows disponibles avec la clim, sauf peut-être le bungalow nuptial. Sylvain a dit chiche et j’étais aux anges. J’allais réaliser mon rêve de cocotier !!!

On s’est renseigné un peu pour le déplacement. Apparemment, il suffit d’aller jusqu’à Mersing en Malaisie, à 3-4h de Singapour, et après de prendre le ferry pour Tioman. Facile, on n’a pas trop à s’inquiéter. On a qu’à partir le vendredi soir, dormir à Mersing et prendre le ferry au plus tôt le lendemain ! Seulement voilà, une fois arrivé dans notre nouveau chez nous, entre l’installation et le repérage des lieux, on se retrouve deux jours avant le départ avec un problème de taille : les bus pour Mersing sont tous pleins ! Faut dire que c’est les vacances ici et les gens profite de s’être débarrassés de leurs 12 heures de travail quotidien pour changer un peu d’air… Bref on est jeudi soir et c’est un peu la panique. On fait quoi ? On y va une autre fois ? Non, on se décourage pas et munie d’un ordi avec une connexion incertaine pour ma part et d’un portable singapourien pour Sylvain, on cherche, on téléphone, et on tombe finalement sur des taxis privés qui font justement le trajet Singapour-Mersing. Aller, on se lance, et comme c’est un peu plus cher et qu’il y a pas moyen de trouver les horaires du ferry, on décide de partir à 5h30 le samedi matin (oui ! On a réussi à se lever !) pour économiser la nuit d’hôtel et pouvoir prendre le ferry au plus tôt.

Alors nous voilà samedi matin, après 4h de sommeil, à attendre notre taxi devant chez nous, les yeux à peine ouvert. Il nous amène jusqu’à la frontière, une véritable institution où on est scruté de la tête au pied avant de pouvoir passer d’un pays à l’autre (et qui se transforme en parcours du combattant quand on la traverse en bus, mais ça, je le raconterais plus tard), et nous arrête à peine ses roues passées sur le territoire malais pour nous faire monter dans une autre voiture. Autant dire qu’on passe d’une voiture classe et bien entretenue à un vieux tacot qui pue. Changement de conducteur, changement de décor. On continue notre périple sur des routes toutes trouées qui se déroulent entre des champs de palmiers. On est tellement fatigués qu’on sait pas si on dort on ou si on est réveillés. Le type sait jouer de l’accélérateur et on arrive à Mersing bien plus vite que prévu, à 8h15, dans un port désert. Prochain ferry, 11h30. Un peu dégoutés de s’être levé tôt pour rien, on essaie de tuer le temps comme on peu. Les gens arrivent par groupe, le port s’anime, le bruit s’installe et on est bientôt tout serrés derrière les grilles qui nous séparent du bateau qui arrive.

Midi, on s’installe sur des sièges sûrement piqués sur un vieil avion. Le bateau part dans un fracas et il ne fait pas 500 mètres avant de s’arrêter devant un bateau de pêche. On a à peine le temps de se demander ce qui se passe : un type passe juste devant nous avec un gros tuyau et des effluves d’essence. Ils sont en train de faire le plein. Normal. Apparemment on est loin d’avoir tout vu! La croisière reprend, les petites îles défilent. On est étonnés de les voir si vertes, si pleine d’arbres et montagneuses. Chaque petit bout de terre est un paradis perdu dans la mer et on est tout excités à l’idée de poser les pieds sur Tioman. Ce qui arrive 2h plus tard, après quantité de « oh ! C’est beau ! » « T’as vu comme c’est magnifique !? » . Pour le coup on en a le souffle coupé et moi, les larmes aux yeux. Un endroit comme ça, j’en ai toujours rêvé. Je prends Sylvain par la main et je le tire jusqu’à notre hôtel à 5 minutes du ponton. Aller, on se dépêche ! On admirera mieux tout ça quand on sera en maillot de bain ! Et l’eau émeraude ! Il faut qu’on saute vite dedans ! On va récupérer la clé, on prend à peine le temps de s’extasier devant le confort de notre bungalow, on saute dans nos maillots et à nous la plage !

« Il y a du monde à cette période de l’année » nous avait prévenu la gérante de l’hôtel. » Ah oui ? Où ça ? Nous on a l’impression d’être au calme, ce qui nous fait un bien fou après notre première semaine Singapourienne. En plein bonheur dans la fraicheur de l’eau, on voit des singes sauter entre les arbres de la jungle… Lézarder sur la plage, bouquiner un peu… Ca c’est le paradis !

Comme on nous a dit que le coin était génial pour faire du snorkeling, on va chercher un masque, un tuba et des palmes et on part à la conquête d’un monde sous-marin. Loin d’imaginer qu’on vivrait une nouvelle fable, celle du mérou et de la tortue…

D’abord, on ne voit que des coraux morts. Mais il suffit de s’éloigner de quelques mètres pour apercevoir les premiers poissons. Des poissons perroquets multicolores, des poissons chirurgiens… Je ne les connais pas tous personnellement, donc je ne peux pas vous dire le prénom de tous les autres poissons que l’on a vu, mais je peux vous dire qu’ils étaient en quantités ! Et c’est là que notre histoire à basculer…


« Il était une fois une Loulou qui, pour une raison inconnue d’elle-même, avait une certaine peur de ce qui pouvait se passer autour d’elle sous les eaux troubles d’une eau habitée. Elle aimait nager, dans le lac, dans la mer, mais avait toujours peur de tomber nez à nez avec une grosse bébête, un poisson peut-être plus grand qu’elle.

Décidée de laisser cette phobie stupide derrière elle, elle avait accepté, encouragée par son prince charmant et un éphèbe égyptien sur un bateau quelque part dans le pays des pharaons, de plonger pour affronter ces animaux énigmatiques. Et en fait, quel bonheur ! Le sentiment de se trouver dans un autre monde, en apesanteur, au seul bruit de sa propre respiration. Quel calme, quelle beauté ! Des poissons de tous les côtés, des coraux comme des fleurs de toutes les couleurs… « Ca y est ! Je n’aurais plus peur ! Plus jamais ! » pensa-t-elle avec joie. C’était sans compter sur le monstre…

Parce que plusieurs mois après, désormais confiante dans une autre mer, dans un autre pays, parce que même dans un coin de paradis on peut rencontrer son pire cauchemar… Le mérou ! Il était là, au moment où elle avait levé les yeux, tranquille, comme si les eaux lui appartenaient. Une horreur de 4 tonnes selon elle, un gentil poisson de 30-40 kilos selon son prince charmant. Mais l’heure n’était pas à savoir qui avait raison, l’heure était à la fuite !

La Loulou susnommée pris ses jambes à son cou. Ou plutôt se mit à nager le plus vite qu’elle put. Parce que la peur venait bien de là, de l’eau ! Parce que dans cet élément personne ne peut être en pleine possession de ses moyens ! La respiration rapide dans le tuba, elle ne s’était pas rendue compte qu’elle partait dans la mauvaise direction, vers le large et non pas vers la plage. Le prince charmant essayait de la rattraper, non ma princesse c’est pas par là, quand elle apparut soudain à leurs yeux, non, pas à leurs yeux à tous les deux, d’abord sous ses yeux à elle. Une tortue ! Majestueuse, magnifique. Elle était grosse aussi oui, mais moins menaçante que cet horrible mérou à la bouche enflée. Elle bougeait à peine, semblait se laisser aller par le courant. Sa carapace avait l’air d’avoir vécu, comme si ça faisait des millénaires qu’elles se laissaient voguer dans cette mer couleur d’émeraude. La Loulou attrapa son chéri par le bras et ils demeurèrent là un moment, à la regarder. Mais pas trop longtemps hein, parce que la Loulou avait besoin de sentir le sol sous ses pieds, ses orteils s’enfoncer dans le sable, dans la réalité, le concret, parce que tout ça, toutes ces émotions ressemblaient à un rêve. Un rêve avec une morale à ne jamais oublier, digne de La Fontaine : il faut parfois tomber sur l’absurdité d’un mérou pour découvrir la majesté d’une tortue. »


On peut dire que c’est un sacré après-midi. On l’a à peine vu passer que vient déjà le soir. Je me fais toute belle, parce qu’à aucun moment j’ai oublié que c’était mon anniversaire à moi, et on file au restaurant de l’hôtel pour manger un « fish barbercue ». Oui, fish, mais comme on est dans un monde parfait (vous l’aviez oublié ?) il y a du « rasta chicken » juste pour moi. Ici ils prennent leur temps, pour venir te demander ce que tu veux manger, pour te servir, mais on s’en fout. Le temps, c’est un bijou : soit on court après, soit on prends le temps de le regarder, de l’apprécier. Et là, on l’apprécie.

Après manger on décide d’aller faire un tour sur la plage, de visiter un peu les petites échoppes. Mon chéri me dit « choisi ce que tu veux, et prends le, ce sera ton cadeau d’anniversaire » et moi je suis aux anges, même si je suis pas du genre à vouloir acheter un magasin entier, juste parce qu’on est là en amoureux, parce qu’on entend le bruit des vagues, qu’aujourd'hui j’ai eu 26 ans dans l’endroit le plus fabuleux du monde et que j’ai pas assez de place dans mon visage pour étendre mon sourire comme je le voudrais…

On se réveille dimanche matin tout excités à l’idée d’aller faire le tour en bateau qu’on a réservé la veille : une visite des plus beaux spots de snorkeling du coin. Je ne suis pas très rassurée par ma rencontre fortuite avec le mérou, surtout qu’on nous dit qu’avec de la chance, on risque de voir des requins, non non ils sont pas très gros, juste 1 ou 2 mètres, « but don’t worry, be happy » nous dit le type du centre de plongée. Euh ouais. Dis chéri ça t’embête si j’espère très fort ne pas avoir de chance aujourd’hui ? Parce que bon le mérou je m’en suis plus ou moins remise mais un requin ça croque non ? On a beau me dire que c’est que dans « Les dents de la Mer », moi je sais pas ce qui peut passer par la tête de ces bêtes et elles peuvent bien avoir envie de me manger… Allez, on va pas louper ça parce qu’on risque d’avoir de la chance non ?

On monte dans un bateau accompagné d’une famille malaise qui ne sait visiblement pas nager (ici les gens qui ne savent pas nager se munissent de gilet de survie et font du snorkeling à la verticale. Ca doit sûrement tuer quelques coraux quand l’eau n’est pas profonde, mais en même temps on trouve génial qu’ils osent quand même se lancer) et de trois potes Australiens qui sont blasés de tout ce qu’ils voient (ça, ça nous tape un peu sur les nerfs). Le petit bateau fait quelques bonds sur les vagues avant de nous laisser à notre première session de snorkeling, on a 45 minutes pour explorer les fonds marins. Loin de la plage, en eaux profondes, on peut enfin redécouvrir des coraux étincelants. Les lumières sont éblouissantes. L’eau est tellement claire qu’on peut voir les poissons à 10 mètres de profondeur, c’est magique. La famille malaise a apporté du pain pour nourrir les poissons et ils s’agglutinent autour d’eux. On se fait la promesse muette qu’on reviendra avec du pain nous aussi et qu’on se munira d’un bon appareil photo pour vous faire partager tout ça.

Le temps s’est écoulé, on remonte tant bien que mal sur le petit bateau. A peine le temps d’accélérer qu’on s’arrête à nouveau, près d’une petite île cette fois-ci. Elle semble recouverte de jungle, mais non, il y a une toute petite plage où on accoste. Du sable fin, du sable blanc, du sable qui n’est même pas brûlant. Coral Island. Une île qui serait sublime sans les déchets qui recouvrent cette plage. On aurait envie de venir avec un sac poubelle et de tout ramasser. Une envie qu’on retrouvera plusieurs fois sur Tioman malheureusement… Heureuse d’être là et qu’il fasse beau (au vu des prévisions météo c’était pas gagné) j’ai qu’une envie, m’allonger sur un bout de sable loin des immondices, pourquoi pas près de ces buissons qui nous offrent un peu d’ombre. C’est parce qu’il prend peur et qu’il fait du bruit que je le vois, le varan ! Un truc énorme vraiment très moche. Je sursaute un « oh mon dieu ! » en voyant à quel point je suis proche de lui, ce qui déclenche l’hilarité des gens qui sont autour de moi. Heureusement que j’ai pas eu le reflexe de courir me cacher derrière mon homme ! Je lance deux éclats de rire et je fais un pas en avant. C’est quand même pas ce gros serpent sur pattes qui va me ridiculiser ! De toute façon il fait trop chaud et il vaut mieux retourner dans l’eau. Heureusement, toujours pas de requins en vu, juste un petit poisson téméraire qui fait mine de nous attaquer les yeux pour battre en retraite devant nos masques. Il se prend pour qui celui-là ?

Et la matinée se poursuit comme ça. On nage, on remonte sur le bateau. On s’extasie, on saute sur les vagues. Après quatre arrêts on se dit c’est bon, là on va rentrer, c’est sûr. Et heureusement parce qu’en fait ça fatigue un peu, un autre plongeon serait de trop, on est contents comme ça. Mais le type s’arrête à nouveau, « snorkeling… again » il dit et il saute dans l’eau. On se plaint pas parce qu’au fond, même fatigués, on est heureux d’y retourner.

Quand on rentre enfin à l’hôtel, on est lessivés. S’allonger sur la plage et ne rien faire, non seulement ça nous va bien mais on ne se sent pas trop de faire autre chose… Surtout que moi, d’avoir passé la journée à tourner le dos au soleil en le narguant avec ma crème solaire indice 20, je me suis retrouvée brûlée des épaules aux mollets. On peut dire que je garderais un sérieux souvenir de cette matinée à caresser les poissons !

Bien que notre deuxième soirée ressemble beaucoup à la première, on y retrouve le même plaisir. Flâner le long de la plage, discuter avec les locaux… On trouve un bar où un écran géant diffuse un match de l’Italie et même si on déteste le foot tous les deux on se pose là, ça nous fera une petite animation. Mais le vrai spectacle n’est pas vraiment sur la toile grande toile tendue. Elle se situe plutôt à nos pieds. Un faune nocturne que l’on n’avait pas vu avant ose s’aventurer sur le sable habité par des supporters plutôt bruyants. D’abord un petit crabe puis plusieurs grenouilles, dont une qui semble particulièrement intéressée par le match. Une grenouille italienne ? Elle serait bien loin de chez elle, exactement comme nous… Sur le chemin du retour on croise un bernard l’ermite, petite bête étrange apeurée par nos rires et nos pas, qui a généreusement pris la pose pour une photo souvenir.

Dernière nuit. La tempête fait rage, elle explose après ces deux jours de soleil exceptionnels. A notre réveil le ciel est nuageux, un peu comme nos cœurs qui ne veulent pas quitter ce paradis. Le ferry est l’heure et on arrive à Mersing, content de retrouver la chaleur de l’été après avoir grelotter dans le bateau. L’idée de mettre la clim à la limite du supportable est une notion qui reste pour nous un mystère.

Bon, plus qu’une heure à attendre. Du moins c’est ce qu’on se dit. Parce qu’un type sort de nulle part pour nous dire que notre bus a une heure de retard. On lui fait confiance ou pas ? Il a aucune raison de nous mentir je dis. Effectivement. Le bus arrive bien en retard. De 2 heures pour être précis. L’attente a été bien longue. Et pour couronner le tout, une avalanche d’eau se met à pleuvoir sur nos têtes et c’est trempés qu’on s’assoit finalement sur les sièges confortables de notre carrosse.

Le trajet est plutôt agréable jusqu’à ce qu’on arrive à la douane. On descend d’abord du côté malais pour montrer nos passeports. On s’arrête devant un escalator et on suit les flèches jusqu’aux guichets où des femmes voilées scrutent nos papiers d’identités. Puis en reprends notre bus (il y en a plusieurs alors il faut surtout pas se tromper !) pour un trajet d’environ 5 minutes.Et rebelote, on descend, avec nos bagages cette fois, pour se montrer à la douane Singapourienne, passer nos biens aux rayons et sourire mais pas trop aux messieurs en uniforme. Le bus nous aura-t-il tous attendu ? Le conducteur a l’air de nous compter mais c’est lesté de quelques passagers qu’on repart en direction du centre-ville à une demi heure de là. On ne saura jamais s’ils ont réellement été oubliés.

On arrive épuisé dans notre nouveau chez nous. Ce voyage nous a laissé le goût d’un souvenir inoubliable. On y retournera. Ca, on se l’est promis.



Le port de Mersing


Et voilà comment ils font le plein par ici!


Notre arrivée à Tioman


L'entrée de l'hôtel


Quelques bungalows de l'hôtel


Les escaliers qui mènent à notre chambre


Notre lit


La plage de l'hôtel


Le plus fabuleux des princes charmants


Moi qui fait le lézard


Coucher de soleil depuis notre balcon


Le barbecue du samedi soir


"Si tu rejète la nourriture, ignore les coutumes, a peur de la religion et évite les gens, tu a meilleur temps de rester chez toi!!!


Le bar de l'hôtel


Les prince motivé par un bon repas


Nous sur le bateau


Coral Island, depuis le bateau


La plage de Coral Island


Vue depuis Coral Island


Le varan qui m'a fait peur


Le crabe fier


La grenouille italienne


Le bernard top-model

6 comments:

  1. Hi, ton post est énorme, Je le fais en plusieurs fois. J'ai l'énergie d'une poulpe sous hélium! Mais promis, je te lis... Sinon, j'avoue que je vous envie de ce que vous vivez... Gros bisous et enjoyez la life a donf!

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  2. Oui tu peux le lire en plusieurs fois parce que moi c'est comme ça que je l'ai écrit! Et puis il faut dire que je me suis pas mal lachée...lol. Bisous ma belle

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  3. Voilà, enfin je peux te laisser un petit message. Tu es en train de vivre un reve, alors vis le a fond! Bisous

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  4. merci pour ce récit captivant et ces belles photos... je suis jaloux !!!

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  5. Ça donne vraiment envie de partir dans les iles !!!

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  6. Trop beau! Profitez et éclatez-vous bien!

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